L’escarre talonnière, définition & prise en charge

« L’escarre est une lésion cutanée d’origine ischémique liée à une compression des tissus mous entre un plan dur et les saillies osseuses. »

– Définition établie en 1989 par le National Pressure Ulcer Advisory Panel

pied escarre talonniere

Au niveau du talon, l’absence de glandes sébacées entraine une sécheresse qui induit une faible résistance à la friction. La faible vascularisation de cette localisation en fait aussi une candidate idéale pour la formation d’une escarre. En position décubitus, le calcanéum est proéminent et le risque d’escarre est alors majoré.

L’artériopathie oblitérante des membres inférieurs, les œdèmes des membres inférieurs et les troubles sensitifs, sont des facteurs pouvant aggraver la survenue d’une escarre talonnière.

Au vu de ces données et pour une prise en charge optimale, il est primordial devant toute plaie du talon de demander un bilan vasculaire.

Une évaluation clinique peut être faite au pied du lit du patient, pour se donner une idée de l’état artériel de ce dernier.

Reconnaitre les signes cliniques d’un patient artéritique avec les 6 P:

  • Pâleur
  • Pain : douleur
  • Paresthésie : absence ou diminution sensibilité
  • Poïkilothermie : froideur
  • Paralysie : troubles moteurs
  • Pouls pédieux absents

Les autres signes cliniques : sécheresse cutanée ; peau fine, dépilée ; pachyonichie (ongles épais) ; douleur ; claudication intermittente.

Test de recoloration du gros orteil : patient allongé depuis 5 minutes/pression sur le gros orteil/ si recoloration en plus de 3 secondes, possible soucis artériels.

Lors du bilan vasculaire, le médecin, chirurgien vasculaire, ou le radiologue, évalue l’état artériel en pratiquant :

Un échodoppler artérioveineux

détection de la présence éventuelle d’un obstacle qui empêcherait la bonne irrigation des organes, (visualisation des veines, artères, tissus et analyse du flux sanguin dans les vaisseaux). Étudie la morphologie, la perméabilité et le bon fonctionnement du réseau vasculaire tant en superficie qu’en profondeur.

UN INDEX DE PRESSION SYSTOLIQUE

permet de dépister une artériopathie oblitérante des membres inférieurs. Le patient doit être en décubitus dorsal depuis plus de 5 minutes. Prise de la pression artérielle systolique des artères humérales et jambières.

IPS = Pression artérielle systolique cheville/pression artérielle brachiale.

escarre tableau

La mesure TcPO2 : mesure la pression de l’oxygène diffusé à travers la peau. Observation de la quantité d’oxygène distribuée aux tissus par le sang en des points donnés. Cet examen précise ainsi la viabilité de la peau en cas d’une atteinte artérielle sévère.

PRISE EN CHARGE DE L’ESCARRE TALONNIÈRE

Le premier soin et pour toutes catégories d’escarre, est la levée de pression. Avec l’aide de Support d’Aide à la Prévention et au Traitement de l’Escarre (SAPTE) et des changements de position réguliers. Les recommandations de l’European Pressure Ulcer Advisory Panel (EPUAP) et National Pressure Injury Advisory Panel (NPIAP), sont de surélever les talons des personnes à risque de plaies de pression du talon, et ceci même si un SAPTE est en place.

Il est aussi préconisé d’utiliser un pansement prophylactique (hydrocellulaire siliconé) en complément de la décharge du talon. (Toutefois le remboursement de ces pansements n’est pas pris en charge pour la prévention).

PRISE EN CHARGE SPÉCIFIQUE : Catégorie/stade 2 : Face à une phlyctène à fond clair, il est recommandé de ne pas percer cette dernière. L’exsudat à l’intérieur, favorise la cicatrisation physiologique. Si la phlyctène entraine une tension, il est possible de la percer tout en laissant la peau qui servira de pansement naturel. La prise en charge d’une phlyctène hémorragique, est différente.

Il est préconisé de percer et découper le « capot » pour enrayer le risque infectieux.

Catégorie/stade 3, 4 ou inclassable : si une AOMI est confirmée, la détersion mécanique est contre-indiquée. L’oxygène n’étant plus présent au niveau du pied, les cellules nécessaires à la cicatrisation ne peuvent pas se renouveler et le risque d’aggravation et d’infection est majoré si une détersion mécanique est effectuée. Dans le cas d’une plaie nécrosée, il est donc recommandé de respecter cette couverture naturelle, et d’assécher avec des pansements secs, bétadinés, ou alginates secs par exemple.

Dans le cas d’une escarre talonnière avec une AOMI présente, la discussion d’une revascularisation est nécessaire pour espérer la cicatrisation. Si cette dernière n’est pas envisageable, l’objectif de soins de l’escarre sera palliatif et non curatif. Avec prise en charge des symptômes comme, la douleur, le risque infectieux…

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