Newsletter juin 2020

Newsletter juin 2020 de SUITE DE SOINS, par Géraldine Suchet, infirmière formatrice Suite de Soins.

Webinar : à vos agendas !

Mardi 16 juin à 14h, je vous propose de nous retrouver pour échanger sur « La description d’une plaie ».
(environ 30 minutes).

Nouveaux dispositifs médicaux

Dans la catégorie des hydrofibres :
BIATAIN FIBER (Coloplast) Pansement en fibres gélifiantes.

Dans la catégorie des super-absorbants :
ConvaMax (Convatec) Hydrocellulaire super-absorbant non adhésif.

Quoi de neuf pour les cotations des pansements en 2020 (suite) ?

Après avoir évoqué les premiers changements du 1er janvier 2020 dans la newsletter n°28 puis ceux relatifs au COVID dans la suivante, voici les nouvelles cotations concernant les pansements qui entreront en vigueur le 1er juillet 2020 :

  • Nouvel acte : Analgésie topique AMI 1,1 (8 séances maximum par patient et par épisodes de cicatrisation). Retrait du pansement, application du produit analgésique (cf tableau ci-dessous) et mise en attente sont inclus dans cet acte. Soumis à la MAU. Cet acte vous permet d’appliquer l’anesthésiant local, de repartir puis revenir pour réaliser le pansement. Les déplacements sont cotables pour cet acte et pour le pansement.
  • Nouvel acte : Pansement avec compression AMI 5,1. Pansement lourd et complexe avec pose d’une compression par bandes. Soumis à la MCI.

Par ailleurs, depuis le 1er mai il a été créé une nouvelle lettre clé AMX pour la facturation des actes en plus du forfait journalier de suivi des patients dépendants, pour qui un bilan de soins infirmiers (BSI) a été établi.

Les pansements lourds et complexes (AMI 4) ainsi que le bilan initial de prise en charge d’un pansement lourd et complexe (AMI 11) se cotent avec la lettre clé AMX si le patient bénéficie de cotations pour soins infirmiers BSA (charge en soins légère), BSB (charge en soins intermédiaire), BSC (charge en soins lourde). Toujours soumis à la MCI pour l’AMX 4 et cumul à taux plein par dérogation à l’article 11B des dispositions générales.

Ex : Séance de soins infirmiers légère + Pansement lourd et complexe + Déplacement.

BSA + AMX 4 + MCI + IFI (Indemnité forfaitaire de déplacement dans le cadre d’un forfait dépendance).

Pour rappel le bilan initial de prise en charge de plaies dans le cadre d’un pansement lourd et complexe n’est pas soumis à une prescription médicale et c’est la première fois dans notre nomenclature ! (Dérogatoire à l’article 5 des Dispositions Générales).

Musicothérapie et douleur

UN PEU D’HISTOIRE

Ce sont des dentistes français qui, dès la fin du XIXème siècle, ont constaté les premiers que la musique réduisait le stress, l’anxiété, les plaintes et la fréquence des nausées lors des soins. Les premières études démontrent des effets sur les fréquences cardiaques et respiratoires et sur la pression artérielle.

En 1954, un ingénieur du son Jacques JOST, émet l’hypothèse que l’on peut soigner avec la musique. Parallèlement, des études se poursuivent dans les années 1950-60 et démontrent que la musique permet de réduire la sensation douloureuse globale.

C’est dans les années 1970-80 que naissent les centres de formation et les diplômes universitaires de musicothérapie, dont le premier à Buenos Aires créé par le Docteur Rolando Omar BENENZON (psychiatre et psychanalyste, musicien et compositeur). En 1974, ce dernier co-organise avec Jacques JOST le premier congrès mondial de musicothérapie, à l’hôpital la Pitié-Salpêtrière en France.

Aujourd’hui 5 centres de formation existent en France, et sont affiliés à la Fédération Française de Musicothérapie créée en 2003.

En 2011 c’est la Société Française de Musicothérapie qui voit le jour sous l’impulsion de Patrick BERTHELON, psychothérapeute et musicothérapeute.

STÉPHANE GUÉTIN, DOCTEUR EN PSYCHOLOGIE CLINIQUE ET MUSI- COTHÉRAPEUTE

Passionné de musique depuis toujours, Stéphane GUÉTIN devient, à 16 ans, animateur BAFA dans des quartiers difficiles de Paris. Il se rend très vite compte que l’utilisation de la musique permet de rentrer en contact avec les jeunes en difficulté et de mieux les accompagner.

C’est donc tout naturellement qu’il va se tourner vers des études de musicothérapie, en validant un Diplôme Universitaire à Montpellier, puis un Doctorat de psychologie clinique à Paris avec une thèse sur « L’impact de la musique et de la musicothérapie sur la douleur ».

Pour Stéphane GUÉTIN :

« La musique a une action sur les composantes mêmes de la douleur au niveau émotionnel et neuro-physiologique. Le côté sensoriel de la musique agit sur l’intensité de la douleur, et a aussi une action physique sur l’organisme avec une efficacité sur les neuro-médiateurs comme la dopamine et l’endorphine. »

En parallèle, il travaille au sein d’une prison où il se rend de nouveau compte des bienfaits de la musique. Elle est pour les détenus « un moyen de s’évader » qui prend tout son sens quand on est enfermé.

Puis s’enchaineront dès 1999, des études contrôlées, randomisées en collaboration avec différents services de neurologie, de réanimation…sur les douleurs aiguës, chroniques, les troubles cognitifs tels que la maladie d’Alzheimer… De toutes ces études, il ressortira que la musicothérapie a un effet bénéfique sur les patients avec une nette diminution de la prise de médicaments antalgiques, et anxiolytiques.

Stéphane Guétin – MUSIC CARE®️

EN 2008, Stéphane Guétin crée MUSIC CARE®, une application numérique téléchargeable réservée aux professionnels de santé et hôpitaux.

Première Intervention Non Médicamenteuse, labellisée MEDAPPCARE, et recommandée par l’HAS et l’ANESM, MUSIC CARE® a pour but « l’intégration de la musique et des interventions musicales dans la prise en charge de la douleur et de l’anxiété ».

Il existe 2 techniques d’intervention musicale à visée thérapeutique :

  • La musicothérapie « active » qui utilise des objets sonores, des instruments de musique, de la voix.
  • La musicothérapie « réceptive » qui se base sur l’écoute musicale.

C’est cette dernière qui sera utilisée dans le cadre du traitement de la douleur, avec notamment la séquence en « U ». Se basant sur les principes de l’hypnoanalgésie en remplaçant le verbal par une induction musicale, cette séquence de 20 minutes utilisée 2 fois/jour pendant 2 mois réduit la douleur de 52%.(1)

Cette séquence en « U » individualisée en fonction des goûts musicaux du patient (plusieurs musiciens travaillent au côté de Stéphane GUÉTIN et composent des séquences jazz, classique, reggae…) est suivie d’un temps de verbalisation important pour créer une relation de confiance soignant-patient.

Stéphane GUÉTIN confirme :

« Cet outil est le meilleur symbole de la relation d’écoute et dans le traitement de la douleur, le traitement N°1, même avant le médicament c’est de pouvoir écouter son patient, pour pouvoir adapter notre soin en fonction de ses émotions et de ses besoins. »

Cette intervention musicale à visée thérapeutique aura aussi une action positive sur le soignant qui sera plus en confiance pour effectuer les soins et notamment dans le cadre de gestes douloureux comme lors de la réfection d’un pansement (ulcères arté- riels, plaies tumorales…).

Aujourd’hui, MUSIC CARE® est présent dans plus de 300 hôpitaux en métropole et outre-mer et ne cesse de se développer avec pour projet phare un partenariat avec Yann ARTHUS-BERTRAND pour proposer une solution en immersion visuelle grâce à des casques de réalité virtuelle. L’idée étant pour les patients de « les faire voyager loin de la douleur, les images seront une distraction et la musique agira sur les émotions » précise Stéphane GUÉTIN.

MUSIC CARE® est donc une application qui permet une prise en charge de la douleur autre que par des traitements et en réduit considérablement leur consommation. Mais elle a aussi d’autres utilisations que vous pouvez retrouver sur le site de MUSIC CARE®️.

Nul doute que l’application MUSIC CARE® a un bel avenir devant elle en tant qu’intervention non médicamenteuse.

Je remercie sincèrement Mr Stéphane GUÉTIN pour sa disponibilité, ses explications, et ses réponses à mes questions. (Interview réalisée le 30 avril 2020).

Géraldine SUCHET

MUSICOTHÉRAPIE ET COVID-19

MUSIC CARE® a mis son application à la disposition des soignants de différents services de soins palliatifs et d’EPHAD, dans le but de leur offrir une parenthèse dans ce contexte de stress et épuisement professionnel.

(1) Guétin S, Kong A Siou D, Guldner E, et al. The effects of music intervention in the management of chronic pain: a single-blind, randomized, controlled trial. Clinical Journal of Pain 2012; 28: 329–337