Newsletter janvier 2021
Newsletter #33
Newsletter de Janvier 2021, par Géraldine Suchet, infirmière formatrice SUITE DE SOINS®, DU Plaies et Cicatrisation.
Webinar : à vos agendas !
À la suite du succès des premiers webinars, SUITE DE SOINS® lance les jeudis de la cicatrisation, tous les 3èmes jeudi du mois.
Prochains thèmes :
Jeudi 14 Janvier 14h-14h30 :
La cotation des pansements à domicile, les nouveautés de l’avenant 6.
Jeudi 25 Février 14h-14h30 :
Quelle prise en charge pour un patient porteur d’escarre ?
Dispositif médical
Laboratoire CONVATEC
– Aquacel® foam pro : les formesanatomiques sont disponibles (talon/multisite ; sacrum petit ; sacrum standard)
– Aquacel® extra : changement de taille, la 18×23 cm devient 20×24
Laboratoire Urgo
– URGOSTART plus compresse en 3 tailles 6×6 cm ; 13×12 cm ; 15×20 cm.
évènement
Journées du Syndrome du pied diabétique.
Masterclasse francophone en direct et/ou rediffusion
QUOI DE NEUF POUR LES COTATIONS DES PANSEMENTS
EN 2021 ?
Pas de nouvelles cotations pour les pansements mais des cotations pouvant se cumuler avec ces dernières (selon article 11b de la NGAP), ceci dans le cadre de chirurgies postopératoires.
Au 1er janvier :
Nouvel acte : Séance de surveillance clinique et d’accompagnement postopératoire : AMI 3.9 (3 séances maximum entre J0, retour à domicile, et la veille de la consultation chirurgicale postopératoire ou, si elle n’est pas prévue, J+6)
Nouvel acte : Séance de surveillance et/ou retrait de cathéter péri nerveux pour analgésie postopératoire : AMI 4.2 (1 surveillance maximum par jour si présence d’un aidant, 2 surveillances si pas d’aidant ; 3 jours consécutifs)
(ATTENTION : cet acte n’étant pas inscrit dans notre décret de compétences, il ne peut être effectué à domicile pour l’instant)
Nouvel acte : Retrait de sonde urinaire : AMI 2
Nouvel acte : Changement de flacon de Redon ou retrait postopératoire de drain : AMI 2.8 (2 séances maximum)
lES GRANDS NOMS DE LA CICATRISATION
Le soin des plaies remonte au début de l’humanité.
Des squelettes du néolithique ont été re- trouvés avec des « trous cicatrisés » sûrement avec des préparations à base de graisse et de plante.
« Moins démunis que l’australopithèque blessé, nous cicatrisons cependant encore comme lui » s’exprimait ainsi le professeur Raymond VILAIN, chirurgien plasticien (1921-1989).
À l’image de ce médecin, et bien avant lui, nombreux sont les scientifiques qui se sont penchés sur la question de la cicatrisation.
Le premier dont on peut retenir le nom est Edwin SMITH qui a donné son nom à un papyrus médical regroupant 48 cas cliniques. Il y est détaillé la conduite de l’examen, le diagnostic, le traitement à mettre en œuvre, comme rapprochement par bandage adhésif ou sutures pour les plaies. C’est la première fois que l’on retrouve l’utilisation du miel associé à de la graisse animale pour fabrication de baumes à appliquer sur les plaies.
Pendant de nombreuses années, de la viande fraiche (effet calmant et croyance du fait qu’elle serait encore imprégnée de vie), du miel, de la graisse, des liquides (eau, vin, lait, huile) et des fibres végétales absorbantes, sont utilisés pour soigner les plaies.commande de laver les plaies à l’éponge et d’appliquer un linge propre de imbibé de vin ou de vinaigre. Il utilise aussi l’eau de mer pour nettoyer et lutter contre l’œdème.
Beaucoup de médecins pensent encore que les plaies guérissent mieux à l’air avec la formation d’une croute.
Au début des années 60, les travaux du
Dr. George D. Winter (1927-1981), entrainent une grande avancée pour la cicatrisation. Il préconise le milieu humide pour favoriser la prolifération des fibroblastes et kératinocytes, cellules actives de la cicatrisation. Il met ceci en évidence à la suite d’expérimentations sur des cochons en 1962. Un an plus tard les professeurs HINMAN et MAIBACH confirmeront ces travaux sur l’humain.
Le traitement des plaies fut longtemps le domaine des médecins militaires avec une nette amélioration durant les guerres.
Mais à partir des années 70, les laboratoires se lancent dans des recherches intensives pour produire des pansements « modernes ». Tout d’abord les films de polyuréthane, puis en 1980 des hydrocolloïdes et enfin 1990 les hydrocellulaires. Puis suivront les hydrogels, alginates, hydrofibres… Tous les pansements utilisés aujourd’hui.
En parallèle la société française et fran- cophone des plaies et cicatrisation voit le jour en 1994, à l’initiative des doc- teurs Luc TEOT et Sylvie MEAUME. Et dès 1998, les infirmiers peuvent se spécialiser en plaies et cicatrisation avec la création d’un Diplôme Universitaire.
Aujourd’hui, l’objectif de la cicatrisation est de parvenir à une complète régénération des cellules de la peau. L’augmentation de la prévalence et incidence des plaies chroniques avec le vieillissement de la population pousse les laboratoires à encore plus de recherches dans ce domaine. Le marché de la cicatrisation est autant dynamique qu’exigeant car il doit répondre à un très grand nombre de contraintes (anti-infectieuses, antalgiques, efficaces, esthétiques, confortables) mais aussi à des prix compétitifs et à une innovation permanente.
Et demain ?
Cette innovation permanente passe par les nanotechnologies et la mise au point de pansements « intelligents » avec capteurs ou détecteurs intégrés dans le dispositif qui permettent de rendre des données sur l’évolution de la plaie.
Des ingénieurs du Massachussetts Institute of Technology, ont intégré des biocapteurs dans un pansement qui détectent l’infection, qui maintiennent la température, l’humidité ou la pression pour une cicatrisation optimale. Ces pansements composés d’une feuille d’hydrogel peuvent aussi délivrer de manière ciblée des nano capsules contenant des médicaments comme des particules d’argent ou des antibiotiques, sur le lit de la plaie.
Nul doute que les chercheurs n’ont pas fini de nous étonner avec ces nouvelles technologies pour une prise en charge optimale des plaies.
Par la suite en 1860, Louis PASTEUR, découvre que ce sont les micro-organismes et non l’air qui sont responsables de la fermentation des plaies, et que l’on peut les détruire de différentes manières. C’est l’apparition des pansements propres de coton puis stériles avec l’autoclave en 1880 et le Poupinel en 1885.
À la suite des travaux de Louis PASTEUR, le chirurgien Britannique, Joseph LISTER, utilise le phénol dilué (employé à l’époque pour nettoyer les égouts) pour nettoyer les plaies puis stériliser les mains et les instruments.
Le développement de l’antisepsie est en route, et les pansements deviennent le domaine réservé des infirmières.
En 1880, 1/3 des cours infirmiers (contre une dizaine d’heures aujourd’hui !) est consacré à la confection des pansements. La création du corps des infirmières panseuses de l’assistance publique a lieu en 1890.
Pendant près d’un siècle les soins de pansements auront été surtout de prévenir l’infection (en faisant barrière entre la plaie et le monde extérieur) sans rechercher la cicatrisation des plaies. Le XXème siècle débute avec la Grande Guerre et les plaies seront nombreuses, étendues et souillées. Elles seront traitées par excision large des tissus nécrotiques, débridement précoce et application de Dakin. Peu de chirurgiens s’intéressent à la cicatrisation. Les plaies sont fermées par des pansements secs, occlusifs au coton cardé, changés tous les 3 ou 4 jours. On dénombre un grand nombre de plaies infectées, hémorragiques et douloureuses avec retard de cicatrisation.
En 1915, Auguste LUMIERE, pionnier de la cicatrisation moderne, poursuit les travaux d’Alexis CARREL (chirurgien Lyonnais) et met au point le « Tulle Gras Lumière » à base de vaseline et de baume du Pérou.
Ce pansement est le 1er pansement « actif » pour la cicatrisation. Il est semi-occlusif, non adhérent et stérile.
Par ailleurs, Auguste LUMIERE, établit des règles de bonnes pratiques en matière de pansement : changement de ce dernier tous les jours au début puis 1 jour sur 2 ;
pansement non adhérent à la plaie ; stérile mais en évitant « l’emploi d’un antiseptique fort qui inhibe la régénération tissulaire, et l’abus de poudre et onguents bactériostatiques qui engendrent de l’eczéma autour de la plaie».
En 1922, il écrit « les lois de la cicatrisation cutanée » et démontre que la cicatrisation est un processus régulier, normalement de 1mm/jour.
Puis suivent les travaux de Raymond VILAIN (1921-1989) qui insiste sur le drainage des plaies. Il propose des pansements pro-inflammatoires (tulle gras) qui favoriseraient la détersion et la pousse de bourgeons charnus, ainsi que des pansements anti-inflammatoires (corticoïdes) qui réguleraient le bourgeonnement anarchique. Il évoque aussi la colonisation microbienne avec infection nuisible et colonisation tolérable. Auteur de nombreuses phrases célèbres sur la cicatrisation dont « Paix sur la plaie aux germes de bonnes volontés » reprise encore aujourd’hui dans de nombreuses formations. Il met aussi en avant le rôle de la nutrition dans les retards de cicatrisation.
LE SAVIEZ-VOUS
VULNÉROLOGIE est un néologisme (mot nouveau) pour magnifier le concept « plaies et cicatrisation ». Il réunit dans un même groupe des personnes partageant un intérêt et une façon de penser communs pour promouvoir le concept de cicatrisation des plaies.
« Ce néologisme « vulnérologie », c’est l’usage hybride du grec et du latin. « Blessure » se dit en latin « vulnus, vulneris », « vulnerare » est la traduction du verbe « blesser ». Cette racine vient du grec « oulé », plaie ou cicatrice qui a donné en latin « volnus » puis « vulnus ». « Vulneraris » rassemble tout ce qui est relatif aux blessures. Il a donné « vulnérable », que tout le monde connaît et « vulnéraire », moins connu.
Ce dernier terme qualifie une action ou une substance qui concourt à guérir une plaie (Larousse). La vulnéraire (Anthyllis vulneraria) est une plante favorisant la cicatrisation ».
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5241194/