Focus sur le biofilm

« Un biofilm est une communauté multicellulaire plus ou moins complexe, souvent symbiotique,de microorganismes (bactéries, microchampignons, microalgues ou protozoaires), adhérant entre eux et à une surface, et marquée par la sécrétion d’une matrice adhésive et protectrice. Il se forme généralement dans l’eau ou en milieu aqueux. »

Le premier biofilm naturel observé par un savant néerlandais, est celui de la plaque dentaire en 1683. Puis un microbiologiste propose en 1978 la théorie du biofilm à la suite de l’observation de cette plaque et les communautés microbiennes sessiles dans les torrents des montagnes. Le scientifique inventera le terme de biofilm en 1987.

Des biofilms peuvent aussi se développer sur des surfaces telles que des prothèses, d’où les strictes conditions d’hygiène lors des interventions.

biofilm

Les 5 étapes du développement d’un biofilm sur une surface dure.
Étape 1 : attachement initial ;
Étape 2 : attachement irréversible ;
Étape 3 : apparition et « maturation I » du biofilm ;
Étape 4 : maturation II ;
Étape 5 : érosion et dispersion/Détachement autogène.
Les photomicrographies (toutes à même échelle) sont celles d’un biofilm de Pseudomonas aeruginosa en développement.

Le biofilm que l’on retrouve présent dans 60% des plaies chroniques, est un amas de cellules bactériennes à l’intérieur d’une matrice extra-cellulaire. De très nombreuses espèces de bactéries sont identifiées et organisées en agrégat. Le biofilm est généralement invisible à l’œil nu sauf s’il est ancien, on peut alors voir une sorte de voile blanchâtre à la surface de la plaie.
Le biofilm entretient une réaction inflammatoire et est à l’origine du retard de cicatrisation de nombreuses plaies chroniques. Il entraine la majoration du risque infectieux. Il est nécessaire de perturber cette organisation bactérienne de manière à ne pas retarder le processus physiologique de la cicatrisation.
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Comment désorganiser ce biofilm ?

Lavage eau et savon doux, douche des plaies chroniques. Le jet d’eau peut parvenir à désorganiser le biofilm. Des études sont en cours sur l’utilisation de certains antiseptiques cytotoxiques qui retarderaient la formation du biofilm. Mais ces derniers sont responsables de la destruction des kératinocytes et fibroblastes, les 2 cellules nécessaires à la cicatrisation. Les produits à base de PHMB (Polyhexanide), tel que le PROTONSAN® (BBRAUN), ne seraient pas plus efficaces que les antiseptiques mais ont l’avantage de ne pas engendrer la destruction des cellules indispensables à la cicatrisation. (Tous ces produits ne sont pas remboursables).

Débridement quotidien de la plaie (après bilan vasculaire pour les plaies des membres inférieurs et exclusion d’un artériopathie). Le biofilm se reformant toutes les 24h il est important d’effectuer ce débridement tous les jours.